Sur le pont de Mouli...

Lorsque j'ai eu la chance d'attérir à Ouvéa (île en Nouvelle Calédonie) en provenance de Lifou et à bord du Twin Otter F-ONCA de la compagnie Air Loyauté (petit avion d'à peine 19 sièges qui effectue la navette entre les Îles Loyauté), ma première hâte était de savoir pourquoi l'écrivaine japonaise Katsura Morimura la qualifiait d' "île la plus proche du paradis"...

Après les formalités d'usage pour louer un véhicule pour l'unique journée que je passais sur l'île, je ne saurais vous dire combien de fois je me suis arrêtée que ce soit pour pour admirer les plages sans fin de sable blanc, les falaises, pour visiter la paroisse St Joseph à fondée en 1857 ou encore l'huilerie d'Ouvéa, pour attendre près du trou aux tortues que ces dernières daignent remonter à la surface (...).

Je me disais "Ok c'est magnifique mais..." puis droit devant moi j'ai vu un pont bleu tout ce qu'il y a de plus banal. C'est là que je vous confie avoir grandi avec une peur viscérale des ponts, au point de fermer les yeux et dire une prière quand je devais en franchir un. J'ignorais à quelle occasion cela me passerait. La plupart du temps j'étais à pied ou passagère en voiture seulement là, seule au volant je me devais de garder les yeux ouverts.

Une chose que je trouve dommage aujourd'hui, tout est "googelisable" et l'on est souvent tenté de regarder les images avant même de se rendre à destination, dénaturant ainsi l'effet de surprise. Heureusement pour moi, ce n'est pas dans  mes habitudes.

Voilà pourquoi la plage de Mouli m'a bluffé, ébloui, foudroyé. Je n'avais encore rien vu d'aussi beau dans ma modeste existence et une chose amenant une autre, c'est devant ce magnifique spectacle que le miracle s'opéra. Etant descendue de voiture, j'ai traversé à pied ce pont bleu, les yeux grand ouverts et émerveillés avant de me décider à rejoindre les gamins dont les rires mêlés au soleil garantissaient une eau à bonne température.

Sur le pont de Mouli je n'ai pas dansé en rond, j'ai seulement vaincu ma phobie.